Et si le stress était notre ami ? (1ère partie : définitions)

Le stress est étiqueté comme l’ennemi numéro un de notre société. Mais qu’est-ce que le stress ? Comment se manifeste-t’il dans le corps ? Quelle est sa raison d’être ? Se pourrait-il qu’il y ait des bienfaits lié au stress ? Dans cet article en deux parties, nous répondrons à ces questions puis nous verrons les conséquences du stress ainsi que les façons solutions pour faire face à celui-ci.

Qu’est-ce que le stress ?

Le stress est une réaction normale et universelle face à une situation qui nécessite une adaptation. C’est une réaction physiologique, c’est-à-dire du corps. Celui-ci mobilise ses ressources afin de faire face à la situation perçue comme un défi.

Cette réaction nous aide à agir dans la situation et a pour but de nous aider à améliorer nos performances. Ainsi, c’est une réponse de survie, qui vient activer des stratégies de lutte et/ou d’évitement, le fameux « fight or flight ».

Nous devons les premières conceptions du stress au médecin Hans Selye, né à Vienne en 1907. En observant ses patients affectés de maladies diverses, il constata qu’ils présentaient tous un syndrome commun : l’air malade, une certaine léthargie et parfois même des états dépressifs. Aujourd’hui nous savons que ces symptômes sont associés au stress.

Mais à l’époque Hans Selye dût presque se battre pour faire reconnaître le concept de stress, qu’il appelait alors « syndrome d’adaptation générale ».
Voulant pousser son observation plus loin, il soumit des rats de laboratoire à différents stresseurs pendant des périodes prolongées (par exemple, en les exposant au froid). Il constata que les rats aussi prenaient cet air malade et léthargique. En les autopsiant ensuite, il découvrit que leurs glandes surrénales (qui synthétisent et relâchent des hormones dans le sang, notamment l’adrénaline et le cortisol) avaient doublé de volume, que les thymus (jouant un rôle important dans l’immunité) présentaient des lésions et que de nombreux rats étaient atteint d’ulcères gastriques. Ainsi découvrit-il la réponse biologique face au stress de longue durée (Szabo et al., 2017).

Que se passe-t-il dans le corps ?

En cas d’événement stressant, de nombreuses hormones dont la fameuse adrénaline vont être sécrétées. Elles permettent une réaction du corps instantanée :

  • augmentation du rythme cardiaque,
  • respiration accélérée,
  • augmentation de la pression artérielle,
  • ralentissement de la digestion,
  • Activation du système nerveux sympathique, responsable de l’activité dans le corps,
  • Transpiration,
  • dilatation des pupilles…

Tout ces processus permettent une meilleure irrigation du sang et donc d’oxygène dans le cerveau et les muscles, pour préparer celui-ci à une éventuelle contre-attaque ou une fuite.

Plus de sang et d’oxygène dans le cerveau pour mieux penser ; plus de sang et d’oxygène dans le jambes pour mieux courir ; pas de digestion car ce n’est pas vital sur le moment !

Pour aller plus loin : l’axe HPA

Dans un second temps, c’est l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (ou en anglais Hypothalamus-pituatary-adrenal, soit HPA) qui s’active. L’axe HPA qui relie les glandes endocriniennes du cerveau (hypothalamus et hypophyse) et des reins (glandes surrénales) est considéré comme le « système de stress » du corps. Il contrôle les niveaux de cortisol et d’autres hormones importantes liées au stress, et est activé pendant un épisode de stress.

En réponse à un stresseur, l’hypothalamus, et plus précisément l’amygdale se trouvant dans l’hypothalamus, est activé. L’amygdale, aussi appelée centre de la peur, correspond à une partie du cerveau qui participe à la réaction émotionnelle, active les comportements de fuite ou de lutte, accroît la vigilance et permet l’apprentissage et la mémorisation.

Ensuite au tour de l’hypophyse d’envoyer un signal aux glandes surrénales qui libèrent du cortisol. Le cortisol facilite l’adaptation au stress et permet au corps de retrouver son équilibre.

Le cortisol, qui participe à la régulation de notre énergie tout au long de la journée (avec un pic le matin et une diminution progressive le long de la journée), nous aide en cas de stress à récupérer l’énergie en transformant nos réserves de graisses en sucre afin de nourrir notre corps entier, du cerveau jusqu’aux muscles.

Cela nous permet de comprendre pourquoi les rats observés par Selye présentait des lésions au niveau des glandes surrénales : elles font pleinement partie de la réponse du corps face au stress, et leur rôle est essentiel pour le surmonter.


Comprendre le fonctionnement du corps en cas de stress, notamment l’implication de l’axe HPA, permet de s’approprier la réaction physique : nous voyons bien que de multiples organes sont impliquées et que notre corps possède toutes les ressources nécessaires pour faire face aux défis de la vie !

Mais alors pourquoi, si le stress est en fait une réaction normale, adapté en situation de danger et bien rodée, voyons nous-partout le stress étiqueté comme ennemi numéro un ?

Du stress adaptatif au stress dysfonctionnel

Comme nous venons de voir, le stress en soi est plutôt positif puisqu’il nous aide à nous adapter à une situation. Cependant, pour que le stress reste bénéfique, certaines caractéristiques sont requises.

En effet, les scientifiques Yerkes et Dodson ont constaté au début du 20è siècle que notre niveau d’activation (de stress) était en lien avec notre niveau de performance.

Cela signifie que nos performances seront optimales si le niveau d’activation est moyen.
Si le niveau d’activation est trop bas, nous nous ennuyons.
S’il est trop haut, nous nous sentons dépassé.

La loi de Yerkes-Dodson est donc représentée comme un modèle en U inversé.


Le sport permet de bien illustrer ce mécanisme : si je répète toujours le même mouvement, mon corps finit par s’habituer et je ne progresse plus. Au bout d’un moment, le niveau d’activation est trop bas et mes performances sont alors basses aussi.
Au contraire, si je commence par un exercice très difficile, jamais pratiqué, je risque de me blesser. Le niveau d’activation est trop haut et le corps « surchauffe », là aussi, les performances chutent.

Il s’agit donc de trouver ce juste milieu où nos performances sont optimales. Ce juste milieu où le stress est adaptatif – ni trop bas, ni trop élévé.

Ce niveau optimal est différent d’un individu et d’une situation à une autre. Plusieurs facteurs viennent affecter cette relation entre activation et performance : le sentiment de compétence, la personnalité, les traits d’anxiété et la complexité de la tâche.

Le sentiment de compétence d’un individu a un rôle fondamental : en effet, une personne confiante en ses capacités, très entraînée, aura tendance à bien gérer les situations où la pression augmente.

La personnalité d’une personne vient aussi affecter la courbe : l’introversion ou l’extraversion vient moduler la façon dont nous gérons le stress. Une personne extravertie pourra aller chercher de l’aide à l’extérieur, afin de dépasser plus rapidement la situation stressante.

L’anxiété peut venir au travers de la gestion du stress : j’angoisse de stresser, créant encore plus de stress !

Enfin, le niveau de difficulté de la tâche est un autre facteur qui influe les performances de l’individu. Ce n’est pas la même chose de passer l’aspirateur chez soi ou bien de gérer une équipe dans un bloc chirurgical !

Nous voyons donc que le stress peut nous aider, à une dose idéale, à surmonter une situation.

Maintenant que nous avons identifié le « bon » stress du « mauvais », je vous invite à lire la suite de l’article sur les conséquences du stress dysfonctionnel et les moyens de réguler celui-ci.

Bibliographie

Szabo S, Yoshida M, Filakovszky J, Juhasz G. (2017), « Stress » is 80 Years Old: From Hans Selye Original Paper in 1936 to Recent Advances in GI Ulceration. Curr Pharm Des. 2017;23(27):4029-4041. doi: 10.2174/1381612823666170622110046. PMID: 28641541.

Images : https://www.enfant-encyclopedie.com/cerveau/selon-experts/stress-et-developpement-precoce-du-cerveau
https://carnets2psycho.net/dico/sens-de-yerkes-dodson.html

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